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Azerbaïdjan : le pogrom de Soumgaït
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Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le pogrom de Soumgaït - Sumgait - (aussi connu sous le nom de massacre de Soumgaït, ou les événements de Février) est un pogrom qui a visé la population arménienne dans la ville de Soumgaït en Azerbaïdjan soviétique, pendant le mois de février 1988. Le 27 février 1988, une populace composée en majorité d’Azéris a formé des groupes qui ont attaqué et tué les Arméniens tant dans la rue que chez eux ; un pillage généralisé et un manque total d’intérêt de la part des forces de police ont permis à la situation d’empirer. La violence à Soumgaït fut sans précédent en Union soviétique et elle a été intensément couverte par les médias occidentaux. Le 28 février, un petit contingent de troupes du MVD, (ministère de l’Intérieur en ex-URSS), est entré dans la ville sans réussir à réprimer les émeutes. Soumgaït fut le premier pogrom de l’époque de la Perestroïka et des premières années suivant la chute de l’URSS, commis par le gouvernement azéri contre les Arméniens. On commémore en ce 28 février 2011, le 23e anniversaire de ces massacres. Le Collectif VAN vous propose une traduction de la version anglaise de Wikipedia, the free encyclopedia, concernant le pogrom de Soumgaït.



Wikipedia

Le pogrom de Soumgaït (aussi connu sous le nom de massacre de Soumgaït ou les événements de Février) est un pogrom qui a visé la population arménienne dans la ville de Soumgaït en Azerbaïdjan soviétique, pendant le mois de février 1988. Le 27 février 1988, une populace composée en majorité d’Azéris a formé des groupes qui ont attaqué et tué les Arméniens tant dans la rue que chez eux ; un pillage généralisé et un manque total d’intérêt de la part des forces de police ont permis à la situation d’empirer. La violence à Soumgaït fut sans précédent en Union soviétique et elle a été intensément couverte par les médias occidentaux.

Le massacre a eu lieu au début du mouvement du Nagorno-Karabakh. Le nombre de victimes annoncé officiellement par le Procureur général (les comptes ont été faits sur la base des listes de victimes nommées) était de 32 personnes (26 Arméniens et 6 Azéris), bien que certains aient revu ce chiffre à la hausse passant à des dizaines et des centaines.[1][2][3][4][5]

Le 28 février, un petit contingent de troupes du MVD, (ministère de l’Intérieur en ex-URSS), est entré dans la ville sans réussir à réprimer les émeutes. La situation a finalement été désamorcée lorsque des unités militaires professionnelles avec des tanks et autres véhicules armés sont arrivées, un jour plus tard. Les forces envoyées par le gouvernement ont imposé la loi martiale à Soumgaït, établi un couvre-feu et mis fin à la crise.

Cet événement a été observé avec stupéfaction en Arménie et dans le reste de l’Union soviétique, car les querelles ethniques avaient été largement supprimées et n’existaient pas officiellement. Au cours des sept décennies de gouvernement soviétique, des politiques telles que l’internationalisme et le patriotisme soviétique étaient promues dans les Républiques afin d’éviter de genre de conflits. Le massacre, ainsi que le conflit du Nagorno-Karabakh, allaient présenter un défi important aux réformes que le Secrétaire général de l’Union Soviétique de l’époque,
Mikhaïl Gorbatchev, était en train de mettre en place. Gorbatchev a été critiqué pour ce qui a été perçu comme une réaction lente face à la crise et une multitude de théories du complot ont vu le jour après cet événement.

Contexte

La ville de Soumgaït est située sur la côte de la mer Caspienne et elle a été sans doute l’une des villes les plus polluées de toute l’Union soviétique. Soumgaït même, ne se trouve qu’à 30 km au nord de la capitale Bakou, où l’on trouve de nombreuses raffineries de pétrole de la mer Caspienne. Elle a été rénovée dans les années 1960 et elle est devenue une ville industrielle importante. Sa population à l’époque n’était que de 60 000 habitants ; cependant, à la fin des années 1980, avec une population arménienne d’environ 17 000 personnes, elle est passée à plus de 223 000 habitants, et la surpopulation, entre autres problèmes sociaux, a commencé à tourmenter les résidents de la ville. Selon les responsables soviétiques, au moins deux mille anciens détenus ont été relogés à Soumgaït dans les années 1980.[6]

Par coïncidence, la question de la région du Nagorno-Karabakh a refait surface au cours de cette même période. Le nouveau Secrétaire général de l’Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev avait introduit sa nouvelle politique économique et politique, la Perestroïka et la Glasnost, lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 1985. La glasnost encourageait une ouverture générale pour discuter de sujets qui étaient considérés comme tabou sous les régimes précédents des ex-leaders soviétiques. Cependant, ce sont ces nouvelles opportunités qui ont été utilisées, lorsque la Chambre arménienne des députés du Conseil national du Nagorno-Karabakh, qui cherchait à raviver la question du statut de l’enclave, a voté le rattachement de l’oblast autonome à l’Arménie, le 20 février 1988. En créant un oblast autonome au sein de la République d’Azerbaïdjan, qui était peuplé depuis 1923 par une majorité d’Arméniens, de nombreux Arméniens ont eu le sentiment qu’ils corrigeaient une erreur de l’histoire, affirmant que la région avait été injustement accordée à l’Azerbaïdjan.[7]

Conduite par des personnalités arméniennes populaires, telles l’économiste Igor Muradyan, la poétesse Silva Kaputikyan, et l’écrivain de la glasnost Zori Balayan, une pétition formelle a été adressée au gouvernement soviétique afin de rétablir l’équilibre pour la question du Karabagh.[8] Les Arméniens avaient entamé une série de protestations massives les jours précédant le vote du Conseil et les ouvriers ont organisé des grèves dans la capitale arménienne Erevan et ailleurs, demandant que la région soit placée sous contrôle arménien. Le vote du Conseil et les protestations qui s’en sont suivies ont été condamnés par les médias de l’État soviétique ; mais elles ont eu un écho encore plus puissant parmi les Azéris qui pensaient que le Nagorno-Karabakh faisait partie intégrante de leur culture et de leur histoire. Par conséquent, les Azéris ont également lancé des contre-protestations à Bakou et ailleurs et ils se sont vigoureusement opposés à toute modification de leur territoire. Gorbatchev a continué de rejeter les revendications, invoquant l’Article 78 de la Constitution soviétique, qui indique que les frontières des Républiques ne peuvent être modifiées sans consentement préalable.

Diffusion radio

Bien que les origines exactes des attaques soient entourées de mystère, comme de nombreux événements au Nagorno-Karabakh, il y a des preuves que les responsables gouvernementaux avaient un pressentiment ou ont pris part à l’organisation des agressions imminentes.[9] Le 27 février, le procureur adjoint fédéral soviétique, Aleksandr Katusev a révélé dans un rapport ce soir-là transmis par Baku Radio et Central Television, que deux Azéris, Bakhtiar Guliyev et Ali Hajiyev, âgés respectivement de 16 et 23 ans, auraient prétendument été tués par des Arméniens lors d’un clash entre les deux groupes ethniques dans la région d’Agdam au Karabagh le 22 février.[10] Katusev aurait ensuite été vertement réprimandé pour avoir révélé la nationalité des deux jeunes hommes et des Arméniens. C’est ce qui a apparemment déclenché les émeutes azéries à Soumgaït.

Rassemblement Place Lénine

Plusieurs petits rassemblements ont aussi eu lieu Place Lénine le 26 février, la place principale de la ville. Dans les rues, la question du Karabagh était constamment discutée et de nombreux Azéris étaient d’accord avec la position du gouvernement concernant le Karabagh. A la fin du mois de janvier 1988, de nombreux réfugiés azerbaidjanais en provenance d’Arménie étaient arrivés à Bakou, et la plupart d’entre eux avaient été relogés dans les bas-quartiers déjà surpeuplés de Soumgaït. Avant la fin février, deux autres vagues de réfugiés devaient encore arriver à Bakou.[11] Un facteur qui a contribué à accroître l’animosité ambiante fut les rapports sur les violences massives commises par les Arméniens dans les villes largement peuplée d’Azéris de Ghapan et Masis, en Arménie.

Des responsables officiels et même le principal d’un collège ont assisté à ces rassemblements. La rhétorique des réfugiés de Ghapan a excité la foule et les efforts pour la calmer n’ont eu aucun effet. Le secrétaire du Comité de la ville, Bayramova et le poète Bakhtiyar Vahabzadeh, se sont adressés à la foule sans succès. De même pour V. Huseinov, un Azéri directeur de l’Institut d’enseignement politique en Azerbaïdjan qui a assuré que le Karabagh resterait dans la République. Huseinov a aussi indiqué que les affirmations des réfugiés étaient fausses; cependant, quand il a essayé de convaincre la foule de ce fait, il a été abreuvé d’insultes et a dû partir.[12] Jehangir Muzlimzade, le Premier secrétaire s’est également adressé à la foule, lui demandant de laisser les Arméniens "quitter la ville librement." Mais selon les témoins, cela n’a fait qu’augmenter la fureur de la foule.[13]

Pogroms

Des Azerbaidjanais sympathiques avaient prévenus leurs voisins arméniens qu’ils devaient laisser leur lumière allumer la nuit du 27 ; ceux qui l’éteignaient étaient censés être des Arméniens. Selon plusieurs témoins arméniens, et plus tard, le personnel militaire soviétique, de l'alcool et du anasha, un terme azéri se référant aux narcotiques, auraient été apportés par camions et distribué à la foule azérie, [14] bien que de tels faits aient été passés sous silence par les médias. [15] Peu de temps après le discours de Muslimzade, on lui a donné le drapeau de la République et il s’est bientôt retrouvé à la tête de la foule. Selon Muslimzade lui-même, il essayait d'emmener la foule loin du quartier arménien et en direction de la mer, mais de nombreux Arméniens ont vu en cet acte une implication de Muslimzade à l'émeute. Cependant, il n’a pas réussi à mener la foule dans cette direction et elle s'est bientôt dispersée dans les diverses parties du quartier arménien de Soumgaït. [16]

Violence

La plupart des citoyens des villes de l'Union soviétique vivaient dans des immeubles d'habitation catégorisés en microdistricts ou blocs. Le quartier arménien de Soumgaït était flanqué de ces microdistricts et la plupart des Arméniens vivaient parmi leurs voisins azéris et russes dans des appartements. De même que dans la rue, une populace frénétique entraient dans les immeubles pour savoir où les Arméniens vivaient. Souvent, les émeutiers savaient où les Arméniens résidaient et ceux qui avaient cherché refuge chez leurs voisins azéris et russes, qui risquaient aussi d’être attaqués par la foule, ont été épargné par la violence. [17] Une autre façon d’éviter d’être attaqué était d’allumer la télévision et de regarder des concerts de musique azérie, en augmentant le volume pour faire croire que des Azéris vivaient dans l'appartement.
Les femmes musulmanes du Caucase ont une tradition ancienne qui est de laisser tomber leur voile par terre, geste indiquant aux hommes de s'abstenir de participer à la violence. Certaines femmes azéries l’ont fait dans les couloirs des immeubles, mais les hommes les ont ignorées. [18] Les Azéris sont entrés de force dans les appartements et ont attaqué les résidants. Les tranches d'âge des groupes d’assaillants variaient. Si les participants principaux étaient des hommes adultes et même quelques femmes, des étudiants aussi ont participé aux actes de vandalisme et de pillage des résidences des Arméniens, volant appareils ménagers, chaussures et vêtements. [19] Voici le témoignage d’une femme arménienne :

Donc, nous sommes cachés et je les entends détruire la porte. Comme s’ils avaient pris un rondin et qu’ils tapaient sur la porte de toute leur force.... La foule a démoli la porte et a couru dans l'appartement, remplissant deux pièces.... Tante Maria a dit "Qu’est-ce qu’on vous a fait ? Je suis venue de Kirovabad... J'ai travaillé toute ma vie avec des Azerbaïdjanais." Elle commence à les supplier dans leur langue. Ils disent : "Non, nous devons vous tuer." Ils poignardent son mari et [Tante] Maria le couvre de ses mains et ils la poignardent au bras.... Ils commencent à démolir la porte de la chambre à coucher.... Ils sont entre 60 et 70.... Ils ont des couteaux à la main, des couteaux différents, des grands et des petits ; j’en vois un avec une barre de fer.... Ils sont tellement nombreux et je les supplie "S'il vous plaît, ne nous tuez pas." [20]

De nombreux actes de viol collectif et d'abus sexuel ont été aussi commis, tant dans les appartements que publiquement dans les rues de la ville. Un rapport d’un de ces actes a été également corroboré par des témoins qui disent que cela est arrivé en d'autres occasions et il décrit comment la foule a déshabillé entièrement une femme arménienne et "l'a arrachée de chez elle, l'a portée, lui a donné des coups de pied dans le dos, dans la tête et l'a traînée" dans les rues. [21] D’autres comptes-rendus qui circulaient étaient les histoires des femmes arméniennes dans des salles de maternité, que l’on avait éventrées pour extirper le fœtus, bien que ces rumeurs aient été déclarées fausses par la suite. [22] Au plus fort des attaques, beaucoup d'Arméniens ont cherché à se défendre et ils ont improvisé en barricadant leurs portes et en s’armant de haches ; dans quelques cas, ils ont tué les émeutiers qui entraient chez eux. [14] Les appels aux ambulances ou à la police étaient tardifs ou dans de nombreux cas, complètement ignorés :

« Ces Azerbaïdjanais ont cassé nos fenêtres et j'ai crié... J'ai téléphoné plein de fois, la police n’est pas venue, pas un de ces salauds n’est venu aider mes enfants, mes enfants gisaient dans la rue, jusqu'à quatre heures le matin, devant notre bâtiment, un à gauche, un à droite.... Quand il y a eu un petit accident dans la rue principale dans Soumgaït, une centaine de policiers est arrivée pour aider. Mais quand mes deux fils… gisent sur l'asphalte toute la nuit, personne ne vient aider.... Cela a commencé à dix heures du soir et mes enfants sont restés là jusqu'à quatre heures du matin, et ils ont volé, volé, volé ... J’ai appelé à une ambulance - personne. J'ai appelé la police - rien. Les uns ne venaient pas, les autres non plus. [23] »

L’hebdomadaire Novosti Moskovskiye a annoncé plus tard que sur les vingt ambulances de la ville, huit avaient été détruites par la foule. [24] Les pillages étaient nombreux et beaucoup d'Azéris discutaient entre eux pour savoir qui prendrait quoi une fois qu'ils feraient irruption dans les appartements. Dans quelques cas, les télévisions ont été volées, ainsi que d'autres appareils ménagers et autres biens ; beaucoup d'appartements ont été en grande partie vandalisés et incendiés.

La réaction du gouvernement soviétique aux protestations a tout d’abord été lente. Le fait d’envoyer des unités militaires et d’imposer la loi martiale dans la ville était une action quasiment sans précédent dans l’histoire de l’Union soviétique. La plupart des Soviétiques racontaient que de telles mesures avaient été prises pendant la Seconde Guerre mondiale par le gouvernement.[25] L’esprit de la glasnost rendait l’Union soviétique plus tolérante envers les questions politiquement sensibles. Cependant, des responsables soviétiques en Azerbaïdjan, dont certains avaient été témoins des attaques, ont appelé les dirigeants du Kremlin à envoyer des troupes soviétiques à Soumgaït.

Lors d’une session du Politburo soviétique le troisième jour des troubles, soit le 29 février, Gorbatchev et son cabinet ont discuté de diverses questions avant même de parler des événements de Soumgaït. Lorsque la question a été finalement abordée, Gorbatchev a exprimé son opposition à la proposition, mais ses membres de cabinet, incluant le ministre des Affaires étrangères, Eduard Shevardnadze, et le ministre de la Défense, Dmitry Yazov, craignant une escalade entre Arméniens et Azéris, l'ont persuadé d'envoyer des troupes pour intervenir à Soumgaït. [26]

Entre temps, le jour précédent, deux bataillons de troupes du MVD, en grande partie équipés de matraques et de matériel anti-émeute (ces troupes qui avaient des armes à feu avaient des balles à blanc car on ne leur a pas permis de tirer), sont arrivés à Soumgaït dans des bus et des véhicules de transport de troupes. [27] Alors qu’ils se déplaçaient pour sécuriser la ville, les soldats eux-mêmes sont devenus la cible de la foule. Dans ce qui est devenu un spectacle ahurissant pour les gens vivant dans la ville, les soldats ont été attaqués et mutilés avec des objets improvisés en acier. [28] Leurs véhicules blindés ont été renversés et dans certains cas détruits par des cocktails Molotov. les troupes se sont trouvées dans le désordre le plus total:

A midi, ils ont attaqué les soldats. La populace s’en est prise aux soldats... Les gars, [soldats] étaient fatigués, crevés, certains se sont faire prendre leur bouclier, d’autres leur matraque, ils ont été battus, ils étaient couvert de sang… Ils ont frappé les soldats avec leurs propres matraques. Et ces gars ne pouvaient pas se défendre. Ils étaient là sans pouvoir se défendre, sans pouvoir tirer. Ils ne pouvaient pas se défendre, alors que dire de nous… C’est drôle. Comment cela a-t-il pu se passer à l’époque soviétique ? C’est horriblement gênant ! Et ils ont brûlé les véhicules blindés aussi… Les soldats ont perdu la tête. Ils ont pris leurs véhicules et furieux ils ont roulé vers la foule, sur le trottoir....Le bus en a renversé trois [personnes], l’un des blindés deux, et le second, encore deux....Ils ont écrasés sept personnes sous nos yeux.[29]

Le 29 février, la situation s’était aggravée au point que le gouvernement soviétique fut obligé de faire appel à des troupes armées plus professionnelles et lourdement équipées et il leur a donné l’autorisation de tirer. Le contingent comprenait la Division Felix Dzerzhinsky des Troupes internes, une compagnie de Marines de la Flottille navale de la Caspienne, des troupes du Dagestan, une brigade d’assaut, la police militaire et le 137e Régiment de parachutistes de Ryazan : une force militaire composée de presque 10 000 hommes, dirigée par le Lieutenant Général Krayev.[30] De plus, des tanks furent avancés avec ordre d’encercler la ville. Le journaliste russe du journal Glasnost, Andrei Shilkov, a rapporté avoir vu au moins 47 tanks, mais aussi des troupes de soldats portant des gilets pare-balles qui patrouillaient en ville, indiquant que des armes à feu étaient présentes et ont été utilisées pendant les émeutes.[31]

Un couvre-feu fut imposé de 20 heures à 7 heures, car les heurts entre soldats et émeutiers se poursuivaient. Krayev a ordonné aux troupes d’aller sauver les Arméniens qui étaient restés dans leurs appartements. Dans la soirée du 29, des troupes en bus et en véhicules blindés ont patrouillé dans les rues de Soumgaït pour faire respecter la loi martiale. Sous la protection de troupes lourdement armées, des bus civils et des véhicules de transports de troupes ont emmené les résidents arméniens au Centre culturel Samed Vurgun (connu en tant que SK) situé sur la place principale de la ville. Ce bâtiment était conçu pour accueillir quelques centaines de personnes, mais le SK a hébergé plusieurs milliers d’Arméniens.

Conséquences

Couverture médiatique


Au 1er mars, les troupes soviétiques avaient réprimé les troubles. Les enquêtes devaient commencer immédiatement ; cependant, les camions poubelles avaient en grande partie nettoyé la plupart de débris dans les rues avant que les enquêteurs n’arrivent. [32] À la suite des troubles, les autorités soviétiques ont arrêté plus de 400 hommes liés aux troubles et à la violence. [33]

Les médias soviétiques n'ont pas initialement traité l'événement et sont restés en grande partie silencieux, se concentrant à la place sur les affaires étrangères, tandis que les médias de Soumgaït n’ont parlé que de questions locales sans rapport avec les massacres. [34] [35] Le gouvernement soviétique a hésité à admettre que la violence avait eu lieu, mais il l’a finalement fait ; cependant, il a rapidement minimisé la sévérité de l'événement en prétendant que les troubles avaient été commis par "des voyous". [36] Les autorités soviétiques ont refusé l’accès de la ville aux journalistes occidentaux qui voulaient s’y rendre.

Ce n’est que le 28 avril 1988, que des images du pogrom furent diffusées dans un documentaire de 90 minutes du journaliste soviétique Genrikh Borovik et ce fut une surprise totale pour de nombreux spectateurs soviétiques.

Borovik a fustigé le silence médiatique imposé par le gouvernement soviétique, affirmant qu'il contrastait avec les buts exposés par Gorbatchev de plus grande transparence sous la glasnost. Il a déclaré : "le manque d'informations n'a pas amélioré la situation, il l’a rendue pire... Le silence de la presse a facilité les rumeurs et les provocations. Ce qui était probablement nécessaire, c’était d’avoir des informations honnêtes et complètes sur les événements." [37] Eduard Shevardnadze continuera plus tard à faire des remarques sur cet échec d’annonce du massacre de Soumgaït, le qualifiant d'échec de la glasnost elle-même, "les vieux mécanismes sont revenus, la simplification, la déformation ou la simple élimination de la vérité [sur cet événement]." [38]

Procès criminels

Les autorités soviétiques ont arrêté 400 hommes à la suite du massacre et ont entamé des procès contre 84 personnes, 82 Azerbaïdjanais, un Russe et un Arménien. [39] Tale Ismailov, un tuyauteur d'une des usines industrielles de Soumgaït, a été accusé de meurtre avec préméditation et il a été le premier à être jugé par la Cour suprême soviétique à Moscou en mai 1988. En octobre 1988, neuf hommes avaient été condamnés, y compris Ismailov qui a été envoyé en prison pour 15 ans, et 33 autres furent jugés [40]. D'autres condamnations furent plus dures : Akhmed Akhmedov a été reconnu coupable et condamné à être exécuté par un peloton d'exécution pour avoir mené la foule et pour sa participation au meurtre de sept personnes. [41] La plupart des Arméniens et des Azerbaïdjanais ont cependant été peu satisfaits des procès. Les Arméniens se sont plaints que les vrais instigateurs du pogrom n'aient jamais été arrêtés, tandis que les Azerbaïdjanais ont déclaré que les condamnations étaient trop dures et ils étaient furieux du fait que les procès n’aient pas eu lieu en en Azerbaïdjan. [42] Quelques Azerbaïdjanais ont même continué à faire campagne avec le slogan "Liberté pour les héros de Soumgaït." [43]

Théories du complot

Le pogrom a également ouvert la voie à la formulation de plusieurs théories du complot. Un des partisans en vue d'une de ces théories était l'historien azerbaïdjanais Ziya Bunyadov, directeur de l’Académie des sciences d'Azerbaïdjan, qui a prétendu que le massacre avait été prémédité par les Arméniens pour discréditer l'Azerbaïdjan. [44] À la fin de 1988, la plupart des Azerbaïdjanais de Soumgaït avaient accepté l’idée que c’était les Arméniens qui avaient provoqué les troubles avec cet objectif en vue. [40] Dans un article qui a paru dans un journal azerbaïdjanais, Bunyadov a prétendu que les Arméniens avaient organisé les pogroms :

"La tragédie de Soumgaït a été soigneusement préparée par les nationalistes arméniens... Quelques heures après son début, des photographes arméniens et des journalistes de la télé sont entrés secrètement dans la ville où ils ont attendu." [45] La thèse de Bunyadov se basait sur le fait que les Arméniens de Soumgaït avaient retiré plus d'un million de roubles de leurs économies avant les attaques. Il a aussi soutenu qu'un des participants aux émeutes et au massacre était Eduard Grigorian, un homme d'origine russo-arménienne qui avait déjà été condamné trois fois et qui a prétendu être azerbaïdjanais.
"Grigorian était un ouvrier en usine qui a participé à des viols collectifs et des attaques massives et qui par la suite a été condamné à 12 ans de prison pour son rôle dans les massacres.

[46] Grigorian a été élevé à Soumgaït par sa mère russe après la mort prématurée de son père arménien et on considère que son identité ethnique ne joue aucun rôle, puisqu'il correspond au profil d'un" pogromshchik, un jeune voyou, de nationalité indéterminée avec un passé criminel, cherchant la violence pour la violence. "[47]

Davud Imanov, un cinéaste azerbaïdjanais, s'est étendu sur cette théorie dans une série de films appelés l'Écho de Soumgaït où il a accusé les Arméniens, les Russes et les Américains de préparer une conspiration ensemble contre l'Azerbaïdjan et il a prétendu que le mouvement du Karabagh était un complot organisé par la C.I.A. [44] Selon le membre du Politburo du Parti communiste de l’Union soviétique, Alexander Nikolaevich Yakovlev, le pogrom de Soumgaït a été organisé par des agents provocateurs du KGB pour "justifier l'importance des services secrets soviétiques." [48]


©Traduction de l’anglais C.Gardon pour le Collectif VAN – 26 février 2011 - 07:15 – www.collectifvan.org


Voir les Notes en anglais sur la page originale :

http://en.wikipedia.org/wiki/Sumgait_Pogrom

Lire aussi:

Agenda - Meeting le 28 février 2011: 23e anniversaire des pogroms de Soumgaït

Les 20 ans du pogrom anti-arménien de Soumgaït

Sumgait February 27-29 1988

Ethnic Cleansing in Azerbaijan, Ministry of Foreign Affairs The Republic of Armenia
Yerevan


http://sumgait.info/sumgait/sumgait-eng/sumgayit-victims-eng.htm

Janvier 1990, les pogroms anti-Arméniens de Bakou

Maragha

Les 20 ans du pogrom anti-arménien de Soumgaït

Incomplete list of innocent victims of Sumgait

Victims Of Baku Pogroms Of 1990 Commemorated In Tsitsernakaberd

"An ordinary Genocide: Baku, January 1990" documentary screened in Yerevan

Le procès des crimes de Soumgaït (Février 1988)

"Maragha, 10 avril 1992. Génocide ordinaire”

Lancement du site Maragha.org

Khojaly: The chronicle of unseen forgery and falsification

Xocali.net : le site qui dénonce la contrefaçon azérie

Sumgait

Сумгаит, 1988 - Азербайджанской толерантности полные штаны

Сумгаит, 1988 - Сумагит. Фото.

Сумгаит, 1988 - Русские солдаты сожженные в Сумгаите

Сумгаит, 1988 - New York Times about Armenian massacres by Azerbaijanis

Сумгаит, 1988 год




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Source/Lien : Wikipedia



   
 
   
 
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